Trois femmes portant des écharpes et des maillots de bain montent sur scène lors d'un concours de beauté sponsorisé par une agence de publicité. Sur les écharpes, on peut lire : COLOMBIE, COSTA RICA et un autre pays partiellement visible. Le fond est bleu et les femmes sourient.

Beauty contest

#Branding #Publicité
Considérons l’offre politique principale de la récente élection présidentielle française comme autant de marques sur un marché avec chacune leur storytelling, en faisant abstraction de tout jugement sur le contenu de chaque offre ou de toute considération partisane. Certains vont hurler… 

Chaque offre avait cette fois-ci comme jamais avant un positionnement très clair, avec un angle bien identifié. On peut, en simplifiant, les repartir sur deux axes, en abscisse plus ou moins libéral économiquement, en ordonnées plus ou moins conservateur socialement.

Une boussole politique à quatre quadrants, chacun comportant un logo différent d'un parti politique français - La France Insoumise, EM!, Marine Le Pen et LR 2017 - offre un outil visuel clair pour toute agence de communication analysant les paysages politiques.

Si on simplifie, chaque offre compte pour à peu près 25% de part de marché sur la ligne de départ. Tout l’enjeu pour le premier tour était de capter un peu plus que son voisin pour être dans le duo de tête.

 

Au delà des programmes (qui restent on l’espère la clé du choix de chaque électeur), observons a quel point le choix des angles de storytelling de campagne de chaque candidat était ou non pertinent vs son positionnement :

 

Jean-Luc Mélenchon : La France Insoumise.
En résonance parfaite avec le positionnement qui se veut hors du cadre de la mondialisation économique et de la tendance au repli identitaire. Incarné à 100% par celui qui le portait. On voit d’ailleurs que l’exploitation qui en a été fait a été poussée, puisqu’on a en dérivé un substantif pour qualifier les partisans : les Insoumis. Très fort !

Un homme politique se tient sur scène, le poing levé, devant une banderole de La France Insoumise, tandis qu'une foule, pancartes et drapeaux à la main, applaudit un rassemblement en plein air, savamment organisé par une agence de communication. D'autres personnes sourient et applaudissent sur scène.

Marine Le Pen : Au nom du peuple.
Egalement très forte résonance avec le positionnement en dehors « dusystème », bien qu’un peu plus diffus. Mini dissonance néanmoins dans les raisons de croire, du fait du décalage entre la promesse et l’origine sociale de celle qui l’incarnait et dont elle peinait finalement à se départir.

Une femme parle sur un podium avec un microphone, levant son index, devant un fond bleu marqué des mots AU NOM DU PEUPLE, reflétant un message percutant semblable à celui élaboré par une agence de publicité.

Emmanuel Macron: La France en Marche !
Résonance parfaite avec le positionnement accompagnant le mouvement de fond des sociétés vers la mondialisation et la libéralisation des mœurs. Parfaite incarnation également via la tonalité positive de la campagne, à rebours des discours déclinistes.

Un grand groupe de personnes se tient sur une scène, brandissant des drapeaux français et européens, avec l'inscription « La France en marche » sur des pancartes et des banderoles. Cette foule solidaire crée une ambiance festive, comme captée par une agence de communication.

François Fillon : La France Libre, la France debout.
Excellente résonance au départ avec la notion de liberté au cœur du projet, même si on s’aperçoit très tôt que les raisons de croire sont faibles compte tenu de l’absence de consensus sur le projet libéral en France. Puis virage à 180°, motivé par « lesaffaires », et tentative d’incarner via une nouvelle promesse, Une volonté pour la France, la capacité de résilience de celui qui l’incarne.

Un homme en costume lève les deux mains en traversant la foule lors d'un événement en salle, accueilli par des sourires et des applaudissements. Un texte en français se superpose à l'image, avec un formulaire d'inscription à une newsletter axé sur la marque à gauche.
Un homme en costume se tient devant une estrade sur laquelle est inscrit « UNE VOLONTÉ POUR LA FRANCE », le doigt pointé vers l'avant – un exemple frappant de branding politique. Derrière lui, les drapeaux français et européen se détachent sur un fond bleu.

Au final un résultat serré. François Fillon éliminé victime, comme Clinton à l’automne, de la dissonance générée par le décalage entre la promesse de liberté et d’exemplarité vs la réalité des faits (les fameuses raison de croire). Jean-Luc Mélenchon, malgré une dynamique excellente, éliminé probablement du fait d’un positionnement trop tranché, de challenger, en opposition avec la nécessité de rassembler le plus grand nombre. A l’inverse, Emmanuel Macron a bénéficié de ce qui a manqué à Clinton et Juppé à l’automne : la parfaite incarnation de sa promesse, notamment du fait de son parcours et sa jeunesse, ainsi que la constance de son storytelling de campagne.

 

Bref, il y a probablement un milliard d’autres éléments d’analyse pour expliquer la victoire ou la défaite de tel ou tel. Mais l’analyse sous le prisme marque en vaut une autre, et nous donne quelques pistes intéressantes en terme de communication politique (et plus généralement d’ailleurs) :

 

  • travailler un positionnement clair avec de solides raisons de croire
  • formuler un angle de storytelling campagne (ou promesse) et décliner l’ensemble de son dispositif (tonalité, outils etc.) autour de cet angle
  • entrer en résonance parfaite avec cette promesse et l’incarner personnellement.

 

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